samedi 14 août 2010

Appelle un chat

J’ai devant moi environ quinze minutes à voler pendant que lentement se maquille le ciel Il est ce qu’il est. Changeant tout comme le paysage intérieur qu'on se nomme M. ou T. ou C...

Appelle un chat un chat J’en ai assez des métaphores Les mots de nos jours sont si neutres qu’ils vont déguisés pour s'offrir un nouveau genre.

Appelle un chat un chat

Mon colocataire se nommait Herlock Le Gris, matou des Gouttières, né sous X Ce n’était pas - autant qu’il m’en souvienne -un tendre Il est mort assassiné et sans laisser de trace apparente si j’omets la petite cicatrice sur la paume de ma main droite. (Un moment de faiblesse de ma part, cette cicatrice, plus qu'un acte de violence de sa part à lui... histoire de bien connaître la limite !) Mais lui s’en fichait certainement Je veux dire de laisser une trace ou d'être compris et moi encore plus.

Je dois avouer que j'aimais ses moustaches frémissantes, le bout de ses pattes blanches après toutes ces zébrures grises et noires. Je le trouvais vraiment classe. Lui dardait à mon égard toujours un regard jaune, impénétrable malgré sa transparence et furax de chez furax sans concession : Pauvre humaine, si limitée, si maladroite, si terriblement bête... pas du genre à être surnommée, ma chatte !

Certes, je n'étais guère à la hauteur Je le reconnais volontiers Sauf que je lui ai foutu une paix royale et ça, il a du apprécier parce qu’il rentrait au moins une fois par jour. Il y eut même des nuits où il venait me réveiller pour me raconter ce qu'il pensait être soit un exploit soit une bonne blague...

Heureusement, j’ai appris le code de bonne conduite avec lui par cœur. Une leçon très simple J’aimerais que d’autres en fasse autant Non, il ne s’agit pas de rentrer tous les soirs… juste de foutre la paix, de se prendre en mains et d’assumer.

Ne m’interrogez pas s’il vous plait sur les détails. J’ai pas envie d’ânonner. C'est pas par manque de cœur

J’ai fermé les yeux un instant et les quinze minutes ont disparu, parties sans doute sans claquer la porte ni laisser d'adresse. Le temps me joue toujours ce genre de tour.

Herlock aurait apprécié.

Un chat est un chat. J’en suis convaincue. Parfois. Pas toujours...

jeudi 10 juin 2010

T comme... tétanisé
ah, le pied levé oui
en suspens, figé
comme un pont levis grippé
et les douves en dessous
avec les yeux des croco planqués sous les nénuphars
j'ai oublié mon maillot
je reviendrai plus tard
pour un petit plongeon T rapeuthique

T.

T !

Au pied levé au pied levé au pied levé
meilleur que le vide d’une arrivée manquée
Autre tonalité
Invitée surprise
Et moi qui jubile dans ma transparence
T
Comme tourbillon
Chargé de mondes et de matières
En transfert
Et qui secoue et qui soulève
et qui déposera
.....................................ou pas
Au pied levé au pied levé au pied levé

C.

mercredi 9 juin 2010

T?

T?
T.C ?
Identité?
Tartine?
Thérèse?
Tatiana?
...
Rendez-moi C.
C pas T. C C.
M.

T

... Et qu'il faut bien que je mette un pied devant l'autre parce que je suis là, sur le pas de la porte. Faut que je rentre, que je dise bonjour, que je fasse des sourires.
Mais voilà, y a les regards. L'attente.
Et tout ça me paralyse.
Il y a comme l'envie de fondre subitement. Devenir une flaque sur le paillasson. C'est ainsi. Je suis un animal trouillard. Faudrait sans doute que j'apprenne à devenir une grande fille raisonnable. Que je ne complique pas tout. Que je tonde un peu ces foutus points d'interrogation qui envahissent jusque mon jardin secret. Etouffée.
Oui, je m'auto-étouffe. Me serre la bride. Un collier, une laisse.
Et j'en chialerais parfois de ne pas faire toutes ces choses que je pourrais faire si j'étais simplement un peu moins coincée.
Un peu moins trouillarde.
On dirait bien qu'il va falloir me prendre par la main
Je n'en suis pas fière.
Je ne suis pas fière non plus d'être restée silencieuse depuis tout ce temps

T.

jeudi 3 juin 2010

Humeur : 3 juin 2010

Vite Trop vite, voler cette minute passante entre deux postes frontières.

Question effacement reflets & cie, crois moi sur parole, M, je suis incollable J'ai mesuré tous les rayons. J'ai fréquenté toutes les matières, j'ai usé et abusé des qualités et des défauts J'ai même parfois fraudé et appris à effacer les traces...

A part ça ??? oui, ça n'a aucune importance !

L'alarme est en route et je ne sais pas l'arrêter. Je ne suis pas assez fiable pour qu'un code me soit confié sans doute. Alors, je supporte le sifflement continu en attendant la sonnerie déchirante et la fuite Parce que je ne resterai pas.

Là tout de suite ma faim est plus pressante que l'envie de mots

Un reflet en mouvance

Certes

Restons dans le flou.

C.

lundi 17 mai 2010

J'ai tout plein de trucs anciens qui traînent dans la tête : un véritable vide grenier, un capharnaüm indescriptible.

Misèrere ! Dire que c'est le printemps le renouveau la croissance et patati et patata.
Et moi qui deviens lentement mais irrésistiblement ruminante.

J'ai toutes ces choses que j'aimerais dire. Soyons sincère : que j'aimerais savoir dire. Au lieu de nettoyer pour y voir clair, au lieu de filtrer les mélanges, au lieu de pratiquer l'exorcisme, je rumine et rumine et mastique à m'en user le coeur.

M. toi, tu connaissais Guelum.
Intimement.
Bien entendu, puisque c'est toi qui l'a tué !
Du moins, tu as essayé.
Il est là, toujours, muet, posé entre nous, sur son mur de mots qui peu à peu s'effrite sur mon étagère mémoire

Comme la Dame de Brassempouy, il parlera depuis le passé en se taisant.

Finalement, je ne trierai rien : ni mes tiroirs encombrés, ni ma tête d'occasion, ni ces murs de mots absents

Nous continuerons à cultiver nos silences

Nous continuerons à guetter les fantômes

Nous continuerons à rêver le dialogue

Nous continuerons à entendre claquer les portes et les fissures

à partager l'état d'esprit d'un courant d'air.

et à attendre.

C.

vendredi 30 avril 2010

Alerte

Elle, la chose, est déchaînée, M.

Prends garde à toi !

Armée de crocs et de griffes, bavant, ricanant, elle coupe les langues, elle crève les regards, elle met à nu les boyaux liquéfiés.

Partout, elle nous bassine de sa soi-disante communication tout en nous enfermant dans ses bocaux hermétiques.

Elle nous renomme statistiques, dommages collatéraux, pertes et profits, sondages sans opinion ... et nous, aveugles et muets, nous continuons à arpenter les rues, à battre la campagne, à nous reproduire pour qu'elle ait toujours de quoi se satisfaire.

Ce matin, je l'ai vue passer devant la fenêtre, tandis que les pigeons s'éparpillaient soudain et que retentissaient le klaxon grave d'un bus en retard.

Je pense toujours à toi.

C.

dimanche 18 avril 2010

Dimanche de repos

La radio d'à côté bourdonne J'ai beau tendre l'oreille, le sens m'échappe Comme toujours, les mots eux s'enchaînent avec un certain rythme, une variation de tonalités qui donnent à croire à un dialogue ou tout au moins que ces bruits pourraient avoir un sens Mais là où je me tiens, derrière le mur, je sais bien qu'il ne s'agit pas de communication. Non. Pas même une présence. Juste une nuisance supportable. Mieux vaut l'ignorer.

C'est dimanche et je ne veux pas parler du temps passé, celui qui peint tout dans l'ombre J'ai lavé les carreaux Bêtement, j'ai pensé que la lumière serait plus éclatante, qu'elle entrerait à l'intérieur. A chaque fois j'oublie. La clarté que j'espère ne passe jamais de ce côté ci du mur.

J'ai lu. Il y avait écrit comme une prière : " ne voit pas Dieu dans ton miroir" Naïve, j'ai pensé Qui pourrait bien faire ça ? Quand je suis devant le miroir, je ne vois rien (ce qui est d'ordinaire un soulagement) encore moins Dieu. Ensuite, j'ai eu peur. Évidemment que beaucoup voit Dieu dans leur miroir sinon comment justifieraient ils leurs actes et leurs paroles ?

J'ai refermé le livre. Il m'a tellement effrayée, jusqu'au désespoir.

C'est dimanche Je voulais que ce soit une journée de repos, agréable et tranquille. Certainement pas consacrée à l'introspection ou à la philosophie. J'ai lu le Génie des Alpages n° 5 de F'Murr pages 6 et 7 D'habitude elles me détendent. J'aime bien ces anciennes BD où il n'y avait pas à chaque page une barbie dénudée et un barbare suréquipé.

Et puis, le bourdonnement a commencé à m'agacer sérieusement. Je n'entendais plus que lui. J'ai écrit quelques mots à la hâte au cas où. J'ai vérifié que mes trésors étaient bien dans mon sac. Je ne sors jamais sans eux J'ai contrôlé dans la glace Il n'y avait personne. Maintenant, je peux partir.
C.

jeudi 7 janvier 2010

07 janvier 2010

Bonjour M

Destins croisés jeu de piste palais des glaces

C’est troublant de penser que ces traces sur une route sont peut être les tiennes ou les miennes ou celles des disparus, des perdus de vue, des moitiés pressées et inassouvies bref, les Autres

On entre dans un labyrinthe, un palais des glaces, observant les ombres sans pouvoir les toucher, inquiêts parfois, surpris aussi et toujours à la recherche d'une ouverture.

Le monde, notre monde, se calfeutre dans la ouate indifférente et nous, nous perdons nos repères

Caillou a dit qu’il y a trois façons de s’intéresser : théorique, pratique et poétique Cependant, il n'exprime pour l'essentiel que dédoublement, virtualité, une quête de vérité sans direction, un permis de chasse aux mots.

Le Poète lui, parle de divertissement et de calendrier quand ce qu’il offre bouleverse les sens, ouvre les fenêtres, greffe les dimentions. Je me perds volontiers dans ce temps androgyne, y plonge ma mémoire comme un phare de secours, à l'écoute de l'ultime palpitation cardiaque.

Quant à JF (qui est il celui là ?) il s’oublie pour ne vivre brièvement que dans des réponses anonymes. J'ai de la peine pour la parole non tenue plus que pour la profondeur de sa solitude. J'avais trouvé la rencontre instructive mais peut être que l'échange ne pouvait être que superficiel entre nos deux mondes. Mon erreur.

Et toi, M ? Toi, tu roules dans ta bulle aux parois musicales, concentré sur le passage de la douleur ? Tu dis que tu brouillonnes. J'apprécie plus la sincérité de ces brouillons de vie plutôt que la beauté géomètrique des tracés travaillés à la règle.

j'ai du mal avec le dialogue virtuel , ce langage amputé .... et pourtant, je suis la première à fuir. Inutile de s'interroger. Tu sais l'hibernation est un état à l'équilibre extrêmement délicat. J'ai cependant noté que pour la première fois, je ne rêve pas ni du soleil ni du vent dans la voile ni même que soudain, je comprends toutes ces voix qui virevoltent et pépient et chantent puis s'étouffent comme des cris enfouis sous l'avalanche.

Je ne rêve plus d'ailleurs. Je ressens de plus en plus la métamorphose, le durcissement de la carapace, les stries de silence sur les antennes atrophiées.

J'ai (une nouvelle fois !) raté mon examen de passage. Le grimoire ne s’ouvre plus que sur des pages blanches. Je ne croyais pas vraiment réussir : il m'a toujours manqué quelques centimètres de foi.


Au bilan, quel éclat de rire : scalpel de vie et d’illusions. Il m'a brûlé la gorge et scellé les lèvres

Je ne saurais plus dire.