lundi 24 août 2009

Un dimanche d'août

Hello M.

Je ne veux pas te laisser dans un temps creux, sans mots, mais la ficelle du yo yo a fait des nœuds et coince en bas Il va falloir que je démêle avec patience avant de relancer l'engin pour une nouvelle figure

Heureuse d'apprendre que la douleur s'estompe Le miracle de la vie qui l'emporte Subir. Lutter. S'adapter. Jusqu'à ce que ce soit le moment de pousser une autre porte.

En attendant il y a des heures au sang de lézard et ces journées comme ton lundi à déguster : une glace à l'italienne, avec elle, indeed !!! La vie l'emporte.

A remarquer aussi, tous ces Gnoc, Tartampion et autre Untel qui, sans le vouloir et sans le savoir, ouvrent pour nous d'étranges fenêtres.

Comme je suis une apprentie sorcière, forcément, le concept de fenêtre ne me laisse pas indifférente. Elles constituent des arcanes majeures. J'étudie donc soigneusement ces multiples ouvertures et ce qu'elles permettent d'évoquer, avec lenteur, avec prudence, mais aussi, avec cette intime excitation de l'attente.

Pense, M., à la différence de formules nécessaires et à leurs conséquences évidentes pour un sort jeté à travers une double baie vitrée orientée sud ou une meurtrière cachée dans l'angle , une vieille huisserie fendue dans un mur écroulée, un soupirail glauque et humide, une fenêtre protégée de lourds volets...

Je ne saurais te dévoiler les secrets du Grimoire qui est mon Maître car mes doigts sont liés par le Mystère, mais réfléchis à ce qui peut surgir, répondant à l'invocation et aux erreurs que, parfois, l'on commet en méconnaissant l'importance de la mémoire des choses et leurs influences sur nous ...

Je ne suis pas étonnée que Dépose Minute ait eu raison de ta résolution. C'est aussi une fenêtre, une fenêtre discrète, confortable et confidentielle. Fermée ou ouverte, elle laisse passer de justes sensations... et les mots, les mots couvés finissent toujours par éclore

à bientôt donc du moins, je veux l'espérer.

Chaudement

C. , un dimanche d'août parmi les autres

jeudi 13 août 2009

Le désemménagement

Ecrire s’écrire …

M. peut être est ce la seule réalité, notre seule réalité ? celle qui s'accroche en premier dans les pièces vides, celle qui se cache dans le doux flottement du voile, sa caresse hypnotique, l’air soudain libre et les échos que l’on n’ écoutait plus, soudain révélés.

L’odeur du pain chaud qui lève ; la nuit qui recule ; les bruits tout autour. Perturbation atmosphérique. Toi, moi, elle, lui ou les autres, des marionnettes abandonnées ou bien des pantins que d’autres mains agitent Comment savoir ? Tu m'as pourtant parlé d'un besoin de fourmillement Peut être te faudra t il juste un peu de temps pour colmater les fissures.

Je sais la rupture. Je connais la douleur Je leur tourne le dos pour les dissoudre dans le passé et puis j'avance, diminuée mais plus légère aussi.

Ecrire, s’écrire

Corriger les accords soigner la ponctuation, faire les liaisons, mettre en forme, griffonner dans la marge Soudain tout jeter, pour une page blanche.

Des images à profusion, des images à collectionner, des images déchirées, des images oubliées, des images volées, des images tourbillonnantes, des images prisonnières, des images obsédantes, de belles images, des images qui sentent ... et !

écrire s'écrire

pour réinventer un langage qui englobe le silence dans un espoir fou comme ces antennes paraboliques orientées vers l'espace

Aujourd'hui, j'aurais voulu pour toi ne pas être transparente. Mais la vérité, c'est que j'ai oublié la formule Il y a trop longtemps, si longtemps que je me suis perdue.

Cela me rassure égoïstement de lire un peu de pesanteur. Ton désemménagement, M. m'incite à fouiller dans mes propres cartons Je ne les avais pas déballés. Juste empilés dans chaque coin. Jusqu'ici, ils ne m'avaient pas dérangée. Je pense maintenant qu'ils prennent trop de place. Je ne suis plus capable de dire "donnez vous la peine d'entrer"...



C.

mercredi 5 août 2009

Horoscope

Bonsoir, M

Pour passer le temps j'ai relu tes deux derniers messages, dans l'Ailleurs d'Ici. Note qu'il fait toujours aussi chaud un peu partout, chez toi, chez moi, ailleurs. C’est le cœur de l’été J’ai un peu peur que tu ne sois carbonisé, noir taureau, naseaux fumants et piaffant, piaffant d’impatience. Au final, le camion est il parti ? avec ou sans toi ? Peut être es-tu resté accroché sur un autre fil de l’araignée. Il m'a paru étrange que malgré ton pouvoir, tu restes en suspension

Revenons sur terre : ce camion tapi devant ta porte, était-il sérieux ? encombré du nécessaire ou alourdi de souvenirs ? t' a t il laissé une chance de muer ???

Je ne sais pas. J'imagine.

J’ai un faible pour l’espace et le vide Il me semble qu’il y a toujours trop tout autour, du bric et du broc, qui s’efforce de nous raccrocher au passé, de détourner les flux. Même les livres ? certains peut être, pas tous. Non. Définitivement, pas tous !

Aujourd'hui, j'ai lu un horoscope, a daily one, in english… pour cultiver mon étoile Il me conseille de veiller à la clarté de mes propos... il semble affirmer que le message que j'adresse risque de ne pas être entendu, encore moins compris.
Il m’a inquiété Aurais je attrapé flottant autour de ma bouche un virus autrement plus grave que celui de la grippe A ? Une sorte de cheval de Troie qui encrypte mes mots et les rend imperméables ou solubles. Ce n’est pas nouveau … Dès que je suis moi, la question essentielle, celle de l'interprétation, ressurgit. Je la lis dans les silences ; je la pêche dans les oublis.

Dans la pièce, artiste intermittent, je joue mes rôles de second plan, figurants insignifiants, et pourtant nécessaires (enfin, je m'aveugle peut être sur cette nécessité comme pour me permettre de continuer à jouer ?) nécessaires donc au bon déroulement de l'histoire. Sur cette scène, la question disparaît. Là tu vois, M., se dévoile la machinerie insidieuse car c'est bien elle qui m'entraîne en fondu enchaîné, dans l'arrière plan, et je deviens transparente, comme avant ma naissance.

M., je doute... Suis je un personnage, une création plutôt qu’une créature ???

A croire que la parole ne s’entend que si elle est récitée.


Je te pose la question de Jean Tardieu qui leur a consacré toutes ses pensées : que veulent dire les mots ? ont-ils une vie propre, même les mots sales ? ah, je dois aussi éviter l’humour, mon style d’humour, toujours d’après le daily horoscope Franchement, ce daily one est fort contrariant . J’aime mon brin d’humour. Il fait passer avantageusement l’amertume et la banalité des répliques.

Le Poète lui a écrit " quand je ne saurai plus ce que parler veut dire" Entre nous il a bien de la chance Même brièvement, il a su résoudre une équation à multiples inconnus. Tout est résumé dans le 'plus'. Évasion et profondeur. Expression et manque. Hommage et déchirement.


L'autre question, la tienne, celle avec un vrai point d'interrogation, me turlupine …

Qu’est ce qu’une femme ?

Je ne sais comment l’aborder Bien qu'authentique, elle sonne étrange. Est-ce une formule magique que tu me demandes d’inventer ? une définition universelle à transcrire ? ma perception de l’essence féminine ou encore le descriptif morphologique standard ? J'ai hâte que tu reviennes. Que tu éclaircisses le sujet Provocation ? Sincère inquiétude ? Sujet d'études ?

En attendant, je lis Emily Dickinson. Je suis admirative Peut être est ce un bon exemple de ce que peut être une femme...

C.

Could mortal lip divine
the undeveloped Freight
of a delivered syllable
'T'would crumble with the weight.

Emily Dickinson