jeudi 10 décembre 2009

10 décembre 2009

Je ne suis pas certaine de l'écoute ni même de la communication J'ai beau être attentive et attentionnée, il me semble toujours que le son est déformé, codé, qu'une partie essentielle s'est perdue ou m'est et me sera toujours inaudible.

J'ai abandonné l'espoir d'être capable d'embrasser le message dans sa totalité

Je suis stupéfaite de voir que certains couvrent de vastes horizons comme des fusées, oblitérant le relief pour ne conserver que la vitesse et s'approprier l'espace de l'articulé ... Je me suis quant à moi ralentie, diminuée au point de ne percevoir que le détail, renonçant volontairement à la beauté de l'altitude des grandes envolées littéraires ou même à la rapide succession des dialogues impromptus.

C'est donc ce détail qui inévitablement provoque chez moi le raz de marée émotionnel C'est cette fulgurante lueur qui s'émancipe du regard ; c'est cette variation d' intonations qui s'impose comme un ouragan ou une symphonie ; c'est encore cette pesanteur de la syllabe ou enfin tous les silences intercalés qui m'obsèdent à en oublier les mots creux, malhabiles et infidèles.

Étonnant et bouleversant phénomène qui me laisse souvent perplexe jusqu'à la vulnérabilité dans lequel le mot aiguisé s'engouffre et blesse autant qu'il peut cajoler.

Il s'agit là des mots vivants, déjà trahis par leur propre chair alors que penser du mot couché, calculé, virtuel ?

Se relire, apprivoiser, maîtriser, observer sous tous les angles pour affiner la nuance et la rendre authentique au moins durant cet intant t magique. Je ne vois en effet que la Poésie (je pèse ma majuscule) pour rendre justice au langage et à l'écriture.

Toute autre forme s'habille de mensonges Émetteurs, récepteurs, tous sont simples ou talentueux interprètes de l'illusion.

C.

vendredi 30 octobre 2009

Dépose minute

Kiss and ride ou encore Kiss and fly


Certains préfèrent la formule anglaise la trouvant plus poétique Moi je préfère dépose minute Elle a le mérite d'être claire, efficace, moins mensongère.

Parce que qui dit qu’on va s’embrasser ? c’est seulement une zone particulière de départs, sur la ligne du destin qui se déchire, l'endroit où les univers basculent, une frontière express entre le voyageur et l’autre, celui qui n'a pas de billet.

Entendez moi bien, je ne confonds pas ce flot rapide avec la voie réservée aux taxis où le même va et vient de coffres ouverts et de ronronnements de moteurs, s’agite en permanence. Car tout comme vous, je suis consciente que la similitude n’est que superficielle. Elle ne saurait être intime, contrairement à la dépose minute qui ne s'attache pas, ou exceptionnellement, les inconnus. Encore que, mais c'est une autre histoire...

Je déconseille vivement la dépose minute aux tortues, aux paresseux, aux amoureux du temps suspendu. A peine en place, déjà on vous presse, on vous klaxonne, on vous appelle du phare… Tout juste si on ne vous insulte pas. On ne doit donc pas s’ embarrasser de sentiments. Ce qui compte dans cet espace étroit c’est la vivacité du mouvement en trois temps : s'arrêter, déposer, repartir On doit donc être parfaitement programmé, net comme un geste chirurgical. Sans fioriture ou commentaire.

Avec ou sans bagage, passager unique ou nombreux, il n’est plus temps pour les adieux les conseils ou les effusions. A peine débarqué, il faut s'insérer dans l'encombrement des objets en transit et des corps pressés, suivre le flot impétueux des urgences en partance Certains marchent à reculons, d’autres s’éloignent en claquant fermement des talons mais tous savent au bruit définitif des portières refermées, qu'il est interdit de traîner, de faire marche arrière et, encore plus, de prendre racine !

Car l'ennemi, la loi suprême qui régente la dépose minute c'est la minute ! Toujours elle, qui s’affiche en vedette, qui dirige l'opération Une minute qui s’insinue qui abrège qui tranche. Elle ne laisse aucune place pour les atermoiements, les hésitations, les vœux et les pardons encore moins pour le décryptage des derniers regards. A peine pour une étreinte rapide, une vague poignée de mains, une bourrade amicale et encore ! pas toujours...

Alors d’où provient l’étrangeté du moment quand vous passez par la dépose minute ? Car vous étiez prévenus... c’est qu’on y retrouve pêle-mêle et brutal, un assortiment d’émotions contradictoires parfois anticipées, souvent redoutées, quelquefois même, inattendues...

La dépose minute est un scalpel horaire bien affuté planté au cœur de la vie.


Je peux bien l'avouer Je suis lasse d’être celle qui dépose.Il me semble n'être jamais partie secouer un peu mes ailes, tourner le dos et s'engouffrer ailleurs. Ce qui est faux bien entendu ! Sinon comment visionnerais je l'excitation du départ et toutes ses potentialités ?.

Mais je suis trop souvent celle qui sème et qui rebrousse chemin à vide J'ai pris le pli de passer et de repasser à la dépose minute Je ne peux pas m'empêcher de reproduire ces instants clés. Il y a tous ces mots que je n'ai pas eu le temps de dire, ces pensées que je voulais partager encore, ces caresses et ces fous rires, ces envolées et ces noyades, ces cris découverts et ces mensonges disparates...


Kiss and ride Kiss and fly. Des mots étrangers aux mondes interdits

Circulez ! Ici, c'est juste une dépose minute.


C.

mardi 20 octobre 2009

Correspondance

Très cher Poète

Je lis, absente. C'est pourtant un bon choix, un auteur de qualité qui soigne ses effets et son style. Peut être suis-je devenue trop exigeante. Peut être sont ce mes conditions de lecture aujourd'hui ou mes humeurs … je ne suis pas suffisamment concentrée sur le texte

Alors, j'en évoque un autre, un bijou émotionnel avec des images comme tu sais les créer , Poète oh ! ce majuscule habit … ce quignon du jour … et ton écriture me transporte en rythmes ou en vagues, au cœur d'un tourbillon de sens, ouvrant ma bouche sur des dimensions différentes sans pour autant m' être étrangères.

Par moment, un sourire nait de ta ponctuation anarchique, mieux qu'une caresse, une inquiétude Pourquoi ce souffle ? Par instant, un vers ou une image s'incruste en écho inaltérable. D'autres sont comme des poignards effilés parcemés d'éclats précieux sur lesquels je m'attarde, éblouie...

Et puis, la tournure, la patine, la fluidité, la profondeur, ta griffe, à nouveau m'aspirent. Mes doigts tournent des pages à venir, reviennent en arrière Circonstanciel : quel beau titre ... et toujours ces battements de coeur, ce saisissement de l'âme, incontrôlables

Je ne suis pas jalouse, juste conquise. Ton Verbe : une terre fertile.

Je voudrais sa présence physique dans mes mains, être encombrée de sa matière Je voudrais pouvoir l'incorporer comme une parure aimée. Il me tarde, il me manque, il me hante.

Qu'as tu pensé, Poète, en accouchant des mots ? était ce comme un passe temps irrésistible, une dernière et désespérée tentative de communication dans un monde de sourds, un jeu de mains dans la marge ?

Semer la trace Exposer les entrailles Offrir le divin ou mieux, tout simplement accroître le goût de l'humain. S'enfuir. Se fuir.

Il y a eu ce premier jet puis d'autres et des fils qui mènent sur une toile complexe Une porte du hasard et ma fortune.

Jamais je ne posséderai les mots justes pour le dire ; ceux là appartiennent aux capitaines et aux armateurs, qui décident et dirigent les passages. Mes mots à moi ne crient pas assez fort comme une vérité vitale mais ignorée que seul demain reconnaîtra. J'ai en mémoire vive ce rêve, cette prémonition qui ne saurait mentir.

Mais à l' instant, comme souvent, je suis saisie par l'envie puissante de tenir contre moi, cet ouvrage qui n'est pas encore.

La voix du vivant. Le poids des mots. Comme un graal. Ton oeuvre, Poète, n'est qu'un océan d'émotions mais ma faim elle, est ici et maintenant, bassement matérielle.

C.

jeudi 8 octobre 2009

Veillée funèbre

Les pleureuses sont arrivées. Même figures désolées ; mêmes postures affligées Où est le corps ??? où est la victime, se sont elles inquiété, bavant presque par anticipation Où est elle, celle tant de fois torturée, tant de fois perdue, tant de fois vidée de sa substance, offerte découverte, abusée puis abandonnée à la solitude, au dédain, à l'opprobre.

Avant que la mort annoncée ne s’avance et récite son monologue, sa litanie de reproches de sa voix de ténor, que pourrais je dire pour te restituer le goût, mon Amie, mon Âme ?

Qu’ elle ne devrait pas, La mort, ainsi s’afficher à l'avance Partout ton souffle retentit au corps, se répandant sur l'onde.

Car, oui, on t’affiche on t’admire on te cultive on t’aspire on te boit on t'idolâtre on te dissèque pour mieux te retenir

Ici bas.

Car même dans les plus terribles moments, ou dans l'extase, nous te cherchons.

Cruelle, pourquoi renoncerais tu à paraître ? montre toi au grand jour, défigurée, chaotique, visionnaire ou comme aux heures de gloire, respectueuse et soumise, enchanteresse. La renommée t’encensait alors, jusqu’ aux terrasses des cafés, aux détours des vitrines, aux feux de la cheminée, aux creux des cœurs, aux bancs inconfortables, sous les draps du lit, au bord de nos lèvres et nous, simples mortels, nous t'aimions.

J’ai lu ton testament sur des murs insipides, j'entends tes dernières volontés comme des impératifs de survie

Répands moi Livre moi Achète moi Car je suis belle même dépecée et suis comme l’amour, à vendre. Je mourrai de ton avarice plus que de ton ignorance. Achètes moi et je vivrais, détournes toi et tu mourras sec comme un déchet non recyclable.


***********

bonsoir M.


Partout on se plaint que la poésie ne trouve plus sa place en librairie On édite et réédite les classiques comme des valeurs sûres mais Les Poètes (les authentiques conjoints de Poésie, ceux à qui elle a dit oui devant Histoire et Émotion ...) les contemporains qui nous transcrivent, ne trouvent plus de maison pour les accueillir... Pourquoi ? Peut être que nous, parasites, sommes fautifs, nous qui critiquons sans cesse, qui volons sur le net, accroc à sa magie qu'elle sème ou réveille en nous, mais qui préférons investir dans les succès commerciaux des romans si vite oubliés qu'ils n'auraient jamais du voir le jour ... nous, amoureux, envieux, qui finalement refusons de dépenser pour les ouvrages de poètes contemporains ou l'abonnement à des revues qui n'arrivent jamais à maturité faute de soutien.

Que restera t il de ces Poètes de leurs cris de leurs chairs répandues sur les ondes qu'un simple virus peut détruire à jamais ???

Où sont passés ces mécènes qui protégeaient l'Art Poétique le chérissaient lui accordaient une terre fertile ...

J'ai eu cette vision des pleureuses assemblées comme des vautours autour du corps de Poésie attendant son dernier soupir et j'ai pensé à Ray Bradbury et son Farhenheit 451 La peur m'a saisie C'est pourquoi j'apprends par coeur et je diffuse les poèmes que j'aime.

C'est pourquoi aussi, je te suis reconnaissante de t'aventurer en son royaume.

C.

samedi 19 septembre 2009

24 octobre 2009

Le Jour de la Nuit



Difficile d’être concentré quand tout autour de soi s’accumulent les embûches. Chaque mot émis imprime son poids dans l’espace en concurrence directe avec les OBSTACLES Grands panneaux d'informations, murailles de slogans, façades aguicheuses, bouches pièges ...

Comme un miracle, nous glissons le plus souvent nos molécules vibrantes entre les interstices sans même nous y perdre. Nous refusons notre isolation tout en continuant à ignorer de l’autre ce qui ne nous touche pas. Seul le mot personnel doit avoir un sens et survivre au mépris de la mutation future.


Je ne vais pas fuir mais bien en venir à ta question, M. Pourquoi cette date ? Pourquoi cette évocation du Jour de la Nuit ? cet espace temps qui suit la disparition du soleil et ouvre la porte aux autres sens ?

Parce que nous oublions. Nous oublions cette connivence, une trêve, un pacte secret entre l’univers et nous-mêmes. Nous oublions la voix du rêve, elle qui chuchote ses mots de communion si faiblement et en si peu de lieux encore qu'il nous devient difficile d'écouter son enseignement . Et nous mourrons, terrifiés.


La nuit, la nuit telle que tu la croises sur un voilier au milieu de nulle part, apporte la sérénité. Où la rejoindre sinon ? Où percevoir le mieux toute l'amplitude de la vie en équilibre avec notre propre et futile vanité ?


Il n’y a que dans ce silence nocturne, empli de bruissements naturels que l’on entend devine le pouls de l'univers et en écho, son propre battement de cœur. Je n’ai alors jamais été attaquée par cette peur viscérale qui m’étreint parfois et m’éteint souvent en pleins phares au milieu de mes semblables.


Partout, l’homme repousse le rythme biologique de la planète et cherche à détourner son environnement. Par peur de sa nature essentielle, de la fragilité de son destin, des limites de sa vision, il se condamne à l’artifice, au mensonge perpétuel.


Je ne refuse pas le progrès. Je refuse d’oublier ma condition d’animal soumis aux influences de lois naturelles : jour/nuit, soleil/pluie, plein/vide, recto/verso.


Je souffre d’une douleur inconsolable, celle que génère l’abondance de bruits, d’éclairages tous manufacturés et barbares.


M. je n'aime rien tant que le silence et la nuit Je ne parle pas du néant, de l’absence de couleurs ou de formes, d'une mort absolue du regard. D'ailleurs, je peux douter du pouvoir de mes yeux. Chacune de mes perceptions visuelles me semble incomplète ou trompeuse, mouvante, glissante, certainement subjective. Mais rien ne m'effraie plus, ne m'aveugle plus que cet abus de faux éclairages.


Voilà pourquoi j’ai eu envie de célébrer à ma manière le 24 octobre 2009 dédié, pour la première fois, au respect de la Nuit. C’est comme si d’un coup, tu fermes tes yeux trop longtemps éblouis par une lumière si dure qu’elle a effacé la magie et la douceur des nuances et que trouvant le courage de les rouvrir au coeur de l'obscurité, tu voies enfin clair ...

On ne choisit pas toujours le lieu où l'on vit. On subit la pression des autres. Peut on encore entrer en résistance et dire bien fort : CELA SUFFIT ? nous voulons revoir la voûte étoilée en sortant le nez dehors ...

J'espère que pas loin de chez toi , tu peux encore reposer tes yeux et goûter la nuit...

C.

mercredi 9 septembre 2009

Barycentre

Tu cherches un ticket du Cœur Je poursuis un billet du Mot

Tout est illusoire.Ce bonheur obscène qui volète autour sans jamais se laisser saisir ; cet espoir de permanence quand tout est éphémère ; cette faim qui hante quand le ventre, tant il est plein, ne sait plus comment se digérer.

Obèse. Erreur de parallaxe. Décalage du barycentre. Améliorer l’acuité de la vision. Langage et décadence Parle moi encore même si les yeux aveuglés, je n'entends plus que le ressac humain sans nuance.

Reproduction, dégénérescence, abandon Je suis née pourtant avec le goût de l'essentiel , comme une musique primaire sous les doigts.

Ombres et lumières sur l'asphalte quand les murs s'épaulent et que glisse et suinte sous la langue l'indifférence.

Lasse, je passe sans résilience.

Mais s'il me reste un cri, je le planterai dans tes mots, Poésie

C.

lundi 24 août 2009

Un dimanche d'août

Hello M.

Je ne veux pas te laisser dans un temps creux, sans mots, mais la ficelle du yo yo a fait des nœuds et coince en bas Il va falloir que je démêle avec patience avant de relancer l'engin pour une nouvelle figure

Heureuse d'apprendre que la douleur s'estompe Le miracle de la vie qui l'emporte Subir. Lutter. S'adapter. Jusqu'à ce que ce soit le moment de pousser une autre porte.

En attendant il y a des heures au sang de lézard et ces journées comme ton lundi à déguster : une glace à l'italienne, avec elle, indeed !!! La vie l'emporte.

A remarquer aussi, tous ces Gnoc, Tartampion et autre Untel qui, sans le vouloir et sans le savoir, ouvrent pour nous d'étranges fenêtres.

Comme je suis une apprentie sorcière, forcément, le concept de fenêtre ne me laisse pas indifférente. Elles constituent des arcanes majeures. J'étudie donc soigneusement ces multiples ouvertures et ce qu'elles permettent d'évoquer, avec lenteur, avec prudence, mais aussi, avec cette intime excitation de l'attente.

Pense, M., à la différence de formules nécessaires et à leurs conséquences évidentes pour un sort jeté à travers une double baie vitrée orientée sud ou une meurtrière cachée dans l'angle , une vieille huisserie fendue dans un mur écroulée, un soupirail glauque et humide, une fenêtre protégée de lourds volets...

Je ne saurais te dévoiler les secrets du Grimoire qui est mon Maître car mes doigts sont liés par le Mystère, mais réfléchis à ce qui peut surgir, répondant à l'invocation et aux erreurs que, parfois, l'on commet en méconnaissant l'importance de la mémoire des choses et leurs influences sur nous ...

Je ne suis pas étonnée que Dépose Minute ait eu raison de ta résolution. C'est aussi une fenêtre, une fenêtre discrète, confortable et confidentielle. Fermée ou ouverte, elle laisse passer de justes sensations... et les mots, les mots couvés finissent toujours par éclore

à bientôt donc du moins, je veux l'espérer.

Chaudement

C. , un dimanche d'août parmi les autres

jeudi 13 août 2009

Le désemménagement

Ecrire s’écrire …

M. peut être est ce la seule réalité, notre seule réalité ? celle qui s'accroche en premier dans les pièces vides, celle qui se cache dans le doux flottement du voile, sa caresse hypnotique, l’air soudain libre et les échos que l’on n’ écoutait plus, soudain révélés.

L’odeur du pain chaud qui lève ; la nuit qui recule ; les bruits tout autour. Perturbation atmosphérique. Toi, moi, elle, lui ou les autres, des marionnettes abandonnées ou bien des pantins que d’autres mains agitent Comment savoir ? Tu m'as pourtant parlé d'un besoin de fourmillement Peut être te faudra t il juste un peu de temps pour colmater les fissures.

Je sais la rupture. Je connais la douleur Je leur tourne le dos pour les dissoudre dans le passé et puis j'avance, diminuée mais plus légère aussi.

Ecrire, s’écrire

Corriger les accords soigner la ponctuation, faire les liaisons, mettre en forme, griffonner dans la marge Soudain tout jeter, pour une page blanche.

Des images à profusion, des images à collectionner, des images déchirées, des images oubliées, des images volées, des images tourbillonnantes, des images prisonnières, des images obsédantes, de belles images, des images qui sentent ... et !

écrire s'écrire

pour réinventer un langage qui englobe le silence dans un espoir fou comme ces antennes paraboliques orientées vers l'espace

Aujourd'hui, j'aurais voulu pour toi ne pas être transparente. Mais la vérité, c'est que j'ai oublié la formule Il y a trop longtemps, si longtemps que je me suis perdue.

Cela me rassure égoïstement de lire un peu de pesanteur. Ton désemménagement, M. m'incite à fouiller dans mes propres cartons Je ne les avais pas déballés. Juste empilés dans chaque coin. Jusqu'ici, ils ne m'avaient pas dérangée. Je pense maintenant qu'ils prennent trop de place. Je ne suis plus capable de dire "donnez vous la peine d'entrer"...



C.

mercredi 5 août 2009

Horoscope

Bonsoir, M

Pour passer le temps j'ai relu tes deux derniers messages, dans l'Ailleurs d'Ici. Note qu'il fait toujours aussi chaud un peu partout, chez toi, chez moi, ailleurs. C’est le cœur de l’été J’ai un peu peur que tu ne sois carbonisé, noir taureau, naseaux fumants et piaffant, piaffant d’impatience. Au final, le camion est il parti ? avec ou sans toi ? Peut être es-tu resté accroché sur un autre fil de l’araignée. Il m'a paru étrange que malgré ton pouvoir, tu restes en suspension

Revenons sur terre : ce camion tapi devant ta porte, était-il sérieux ? encombré du nécessaire ou alourdi de souvenirs ? t' a t il laissé une chance de muer ???

Je ne sais pas. J'imagine.

J’ai un faible pour l’espace et le vide Il me semble qu’il y a toujours trop tout autour, du bric et du broc, qui s’efforce de nous raccrocher au passé, de détourner les flux. Même les livres ? certains peut être, pas tous. Non. Définitivement, pas tous !

Aujourd'hui, j'ai lu un horoscope, a daily one, in english… pour cultiver mon étoile Il me conseille de veiller à la clarté de mes propos... il semble affirmer que le message que j'adresse risque de ne pas être entendu, encore moins compris.
Il m’a inquiété Aurais je attrapé flottant autour de ma bouche un virus autrement plus grave que celui de la grippe A ? Une sorte de cheval de Troie qui encrypte mes mots et les rend imperméables ou solubles. Ce n’est pas nouveau … Dès que je suis moi, la question essentielle, celle de l'interprétation, ressurgit. Je la lis dans les silences ; je la pêche dans les oublis.

Dans la pièce, artiste intermittent, je joue mes rôles de second plan, figurants insignifiants, et pourtant nécessaires (enfin, je m'aveugle peut être sur cette nécessité comme pour me permettre de continuer à jouer ?) nécessaires donc au bon déroulement de l'histoire. Sur cette scène, la question disparaît. Là tu vois, M., se dévoile la machinerie insidieuse car c'est bien elle qui m'entraîne en fondu enchaîné, dans l'arrière plan, et je deviens transparente, comme avant ma naissance.

M., je doute... Suis je un personnage, une création plutôt qu’une créature ???

A croire que la parole ne s’entend que si elle est récitée.


Je te pose la question de Jean Tardieu qui leur a consacré toutes ses pensées : que veulent dire les mots ? ont-ils une vie propre, même les mots sales ? ah, je dois aussi éviter l’humour, mon style d’humour, toujours d’après le daily horoscope Franchement, ce daily one est fort contrariant . J’aime mon brin d’humour. Il fait passer avantageusement l’amertume et la banalité des répliques.

Le Poète lui a écrit " quand je ne saurai plus ce que parler veut dire" Entre nous il a bien de la chance Même brièvement, il a su résoudre une équation à multiples inconnus. Tout est résumé dans le 'plus'. Évasion et profondeur. Expression et manque. Hommage et déchirement.


L'autre question, la tienne, celle avec un vrai point d'interrogation, me turlupine …

Qu’est ce qu’une femme ?

Je ne sais comment l’aborder Bien qu'authentique, elle sonne étrange. Est-ce une formule magique que tu me demandes d’inventer ? une définition universelle à transcrire ? ma perception de l’essence féminine ou encore le descriptif morphologique standard ? J'ai hâte que tu reviennes. Que tu éclaircisses le sujet Provocation ? Sincère inquiétude ? Sujet d'études ?

En attendant, je lis Emily Dickinson. Je suis admirative Peut être est ce un bon exemple de ce que peut être une femme...

C.

Could mortal lip divine
the undeveloped Freight
of a delivered syllable
'T'would crumble with the weight.

Emily Dickinson

jeudi 30 juillet 2009

La Marmotte

.
Outch ! Difficile de reprendre le fil ou même de suivre une piste. Ma tête est fatiguée. Mes yeux sont fatigués. Ma voix est fatiguée Mon coeur est fatigué. Je me sens, non pas légère, inconsistante, ce qui serait une sensation agréable, mais lourde de trop de vides.

Cependant, dans ce maelstrom de silences, j’ai bien reçu et beaucoup apprécié ton bouquet de mots Un cadeau bien plus émouvant qu’une brassée de fleurs somptueuses. Je te suis redevable car j’ai pris sans donner.

J'ai du, hélas, encore et encore, traîner les pieds sur terre ce qui alourdit considérablement mes pensées. Habituellement, ma tête flotte dans les nuages Je ne vois que l’espace, les étoiles, les sommets et le vertige me prend, divin, à en oublier la voracité des chaînes et la cruauté des chutes.

Comprends que, dans cet état de pesanteur, dans cette dimension de masques, je ne peux que me contenter d’absorber un rayonnement positif sans redistribuer énergie ou chaleur. J'en ai besoin pour hiberner et espérer survivre. C'est si douloureux, aujourd'hui.


Savais tu, M., qu’il devient extrêmement facile,
même pour un prédateur insouciant, d’approcher les marmottes ?
Elles n’ont plus peur de l’homme ! J'ai été choquée parce que moi, l’homme, il me terrifie !
Ah, pourtant me répliqueras-tu très sérieusement, tu me parles bien à moi qui me présente comme un être humain, un homme, le genre masculin.
Mais as tu imaginé que sur mes lignes, dans l'Ailleurs, tu es en pleine mutation ou même -révélation - un être polymorphe ? C’est bien comme cela que j’ose t’approcher, une plume, rien qu'une plume ??? et pourtant un mystère, une faille, une tentation, un conte... un autre univers.
.
Ne te laisse pas apprivoiser.
.
C.

Tu as vu ? J'ai justifié mes lignes ! besoin de rectitude ? d'équilibre plutôt que de hasard ... L'instant, la béquille de l'accidenté ; le bâton de marche du baladin.


mardi 28 juillet 2009

Injustifié

Il y a la solitude des poètes,
l’incomplétude du corps
et la distance qui le sépare
de tout ce qui l’entoure.
Il y a la poésie, au fond,
prête à jaillir, sourde,
sous la peau, dans les os,
une parole silencieuse,
une oreille folle d’être seule
à l’entendre.
Il y a cette nature immobile,
qui lui ressemble,
qui ne veut rien,
qui ne dit rien.
J’aurais voulu être un poète
pour tenter d’aimer,
ne pas vouloir mourir.
Pour te le dire,
faudrait-il être fou ?
Que dans la poésie
il y a toi.


M.

mardi 21 juillet 2009

un petit brin

Bonjour C.

J'suis un peu débordé ces jours-ci. Des vagues, des creux et des bosses, des choses bien et d'autres pas, ça remue...
J'ai écrit hier soir avant de me coucher, sur le lit, quand tout était calme, que le sommeil appelait. Mais tout est en brouillon (autant sur le papier que dans ma tête). Pourtant, je sais comment ce texte devrait être parce que je le sens, je le lis, je le vois sans le voir, comme un flou. Je rentre à l'instant, trop tard pour le continuer. parfois, je peux écrire rapidement, parfois si ça ne traduit pas encore ce que j'éprouve, ça en prend un peu plus. C'est que ce que j'éprouve n'est pas forcément directement traduisible, comme quand tu sens une boule à l'intérieur de toi, tu pressens, tu présumes, tu ne peux la nommer ni la désigner, ce serait trop simple, ainsi tu la ferais disparaitre...Ce que je peux écrire ne me fuit pas forcément, aussi l'écrit semble toujours inachevé.
J'ai beaucoup aimé le brin d'herbe. Je pense en raison de cette mystérieuse couleur verte environnante et du flou tout autour (un arrière-plan indéfinissable, difficile à dire, comme ce que je voudrais traduire dans mon écrit). Le brin d'herbe semble correspondre à cette idée, assez claire mais qui paraît isolée dans un contour indéfinissable ou étranger (par nature... confusion des éléments). Une idée "perdue" à laquelle on se raccroche (fragilité)...

Bises
M.

jeudi 16 juillet 2009

16 juillet 2009

17h00


bonjour M.


J'ai eu un choc en voyant s'afficher la date ... mais où sont passés ces trois jours ???? qui ou quoi a appuyé sur la touche stop, m'a mise en suspension ? File d'attente Ne regarde pas les aiguilles


Sur ton bureau et sur le mien l’œil est ouvert et s’interroge. Dans son monde, d’étranges monstres programmables se déchiffrent s'unissent complotent s’affichent s’enchevêtrent se délitent ... Un seuil tentaculaire. L’œil n’a pas de paupière, infatigable, il use la lumière.


Se pencher sans vertige par la fenêtre de secours, sonder le bleu de la chaleur Et puis saisir au passage le silence de l'onde qui ruisselle Je l'entends, tu le déchiffres mais l'oeil, l'oeil dans sa vigilance, crypte et encode


Transfert de données aléatoires point exec Echec de transmission ?


symbiote ou virus ???


bizz panoramique

C.



20h10

Bonjour C.,

A vrai dire... oui, il y a un peu de ce que tu dis, bien sûr, je comprends tout ça, en fait, j'étais vraiment assez occupé. Mais j'ai pensé à toi, qu'est-ce que tu crois ? J'ai même essayé d'écrire, c'est vrai. Aussi, le 14, je pensais que tu avais remis cinquante mille médailles lors du défilé, avec autant de bises multipliées par deux, et que tu devais être épuisée. Je vois que tu as encore de la ressource pour quelques bises en circonvolutions, alors je pense que j'ai vu un peu grand.
Le 15 est passé, bon, il ne restera pas dans ma mémoire. J'ai donné rendez-vous à une dame, elle m'a dit "on verra...". Mais voir quoi ? Cette histoire s'arrêtera avant d'avoir commencé. Le 16, ben tiens, c'est aujourd'hui, tu sais quoi, ils jouent du jazz à Montauban et j'ai bien envie d'aller me faire caresser les oreilles. Seulement, ils ont prévus des orages, et tu dois le savoir, je crains les coups de foudre.
Échec ? Tu plaisantes ? Tu as vu ma défense ! Mais vas-y, vas-y, tu vas voir la parade !
deux bises de plus

M.



23h10

Bonsoir, M.


Un défilé ? Ce devrait être Le défilé Ce n'est plus qu'une parade sans âme Des pantins sur et devant l'estrade Ce qui torture c'est l'obligation quand le message est mort. Parade, oui ! Rassures toi, je ne bise pas ! je salue, chaleureuse et distante, étrangère de passage. Je suis loin-loin-loin, intouchable, inaccessible et si proche. Oui, merci et vous-même ? Je ne m'amuse pas, je montre les dents. Non, pas de bal ce soir ni même de feux d’artifices mais revenez pour le 15 août la fête sera grandiose et le discours encore plus long

Je vois toutes les ficelles et les marionnettes qui s'agitent ou se figent Une copie fade et infidèle de la vie. Je pense au Peuple, aux cris, aux barricades Je pense à la faim exhumée et aux pieds nus Non merci, pas de petits fours. Je ne sais pas si c'était hier ou demain. Les bastilles à prendre sont virtuelles ; elles courent, courent dans les marchés aux bourses Je ne suis même pas un grain de sable, juste un œil perpétuellement irrité qui n’arrive plus à se fermer, paniqué par le ventre de la multitude Je me sens oppressée asphyxiée lentement comme un poisson échoué.

Je rembobine Je pense aux Autres, à toi M. à ta main qui passe dans les cheveux de ta fille, à ton regard qui court assoiffé sur ses mouvements enfantins et j’ai mal. Je pense au Poète qui se dépouille de ses émotions, qui offre ses lambeaux d'être en pâture à la jungle pervertie je me récite comme des baumes ses mots ignorés qui me font croire en la lumière et j’ai mal. Je pense à cette déchirure incompréhensible qui se nourrit du langage de l'enfermement, à ce besoin de partage, de communion, d’osmose jamais assouvi, et j’ai mal.

Camisole

Rebondir

Ah, oui, ne pas oublier de poser brièvement les pieds sur terre.

Elle qui dit « on verra », tu as raison, ce n’est pas une histoire ! Les histoires, bonnes ou mauvaises, commencent par Il était une fois.

La musique? La musique fleurit un peu partout en parfums d'été Va te baigner avec ou sans orage Elle, elle ne ment pas, ne calcule pas, ne pèse pas Je t’envie cette liberté.

Ne perds pas de vue que notre jeu est un jeu sans bataille Je veux bien découvrir d’autres tactiques, me plier à d’autres règles Je ne voudrais pas que le jeu s’arrête avant d’avoir vu le Fou régner sur l’Echiquier et le Pion oublié, survivre.

Etends toi

C.

lundi 13 juillet 2009

Mais, aujourd'hui

Aujourd’hui. Aujourd’hui est différent de l’autre Pourtant, c’est encore un aujourd’hui Tu peux le nommer à ta guise mais pour moi les aujourd'hui sont des nexus inclassables Ouvrir les yeux, poser les pieds à terre, respirer, nager dans le courant ou à contre courant, sombrer ou se laisser flotter, dormir, courir, qu’importe ! Cela n’est jamais assez.

Les aujourd’hui exigent une participation active, même à l'arrêt

Ils filent les voies officielles ou détournées comme un costume d'époque obligatoire, informe, où tous les fils sont emmêlés J’en portais un, au hasard et incognito, plus par lassitude que par conviction comme tous les autres jouets des aujourd'hui.

Tout en élaborant leurs stratégies, en construisant leurs histoires, ils multiplient les fausses pistes, les tentations, les inclinaisons, les angles aigus, les culs de sacs, les envolées et les glissades…Ils adorent cela. Je ne vais pas énoncer tous leurs artifices mais je sais - comme tu le sais - qu’il n’y a pas d’issue ni d'alternative aux jeux des aujourd’hui. Juste des aires provisoires, des aires anesthésiantes, des aires euphorisantes, des aires aveuglantes, des aires intimes des aires d’observations et même des aires de tortures, de démembrements, d’ éviscérations de conditionnements …

Sauf que, aujourd’hui, la fumée était particulièrement belle. Elle faisait des volutes lentes et bleues tout autour de mes mains, sans chaleur, sans brûlure.

L'air immobile, elle ne voulait pas s'envoler Alors je suis restée là, longtemps, dans cette pièce vide, à la regarder danser comme en apesanteur, envoûtée, prisonnière.

C’était pourtant un aujourd’hui ordinaire, monotone, qui aurait pu se perdre comme tous les autres dans la fosse aux hier, s'il n'y avait eu ces volutes, lentes et bleues.

C

...

Comme tu m'avais laissé les clés, je suis entré dans ta maison. Tu n'étais pas là. Il y avait sur la table de ta chambre ce que tu venais d'écrire aujourd'hui. Je l'ai lu. C'est une lecture un peu volée, je le sais.
En lisant, je voyais ces journées passées et cette fumée que tu décrivais, elle te filait entre les doigts. J'ai fermé les yeux, j'ai essayé de sentir, restait-il une odeur, un parfum de ce que tu avais ressenti ? Je n'ai rien remarqué, seulement un silence dans cette obscurité.
Je me suis assis. Comme toi j'ai regardé mes mains, ma main, celle qui n'a pas tenu la tienne. Il m'a semblé qu'elle n'était plus la même, j'avais un peu de mal à l'ouvrir en entier. Je les ai pourtant jointes, les deux, comme dans une prière et posées sur mes yeux.
Dans le noir, je respirais à travers la peau des mains collées sur mon visage. Il n'y avait plus de traces de celles que j'avais prises, toutes ces mains qui ont touché ma bouche, plus leur odeur, plus leur saveur, peut-être un goût de cigarette.
Rien qu'à les regarder, je savais ce qui s'était passé. Sur le M marqué par ces lignes de vie et de chance, d'autres traits s'étaient inscrits, des nouveaux, d'autres pliures encore. On aurait dit que cette lettre était rayée. A côté, une veine bleue palpitait.

M.

mercredi 8 juillet 2009

Justifier ?

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Justifier Arrangement. Style. Je n’ai rien de « justifié » Rien à la bonne mesure... Pas de maître étalon !


Justifié, c’est ton choix Je le respecte Je découvre la formule harmonieuse dans ta parole encadrée. Oh, je reconnais la justesse des dimensions bien accordées, la grâce des perspectives soyeuses, l’apparente droiture des bordures latérales, la judicieuse mesure des espaces intérieurs.

Mais, que veux tu, je suis accro à la différence, aux débordements, à la ligne interrompue, aux vagues qui se jettent inlassables, sur le même rivage mais jamais ne s’arrêtent exactement aux mêmes frontières, brouillonnes, aléatoires, bref, imprévisibles... insupportables !

Cependant, à l'usage, peut être verras tu de la beauté dans ce fouillis, comme une forêt primaire de mots plantés de virgules et de points, jonchés de majuscules, parsemés de clairières qui tracent des sentiers sinueux et vivent sur la page. Il faut savoir prendre son temps, errer, reprendre son souffle, suivre une piste taillée à la force du poignet.

Pour toi, il s’agit d’équilibre, d’esthétique et peut être même d'universalisme.

Pour moi, l’espace, ce cul de sac, prend un autre sens, plus intime et plus fidèle à la marge de mes doigts Tu vas sourire, te mordre la lèvre pour ne pas dire, cacophonie personnelle.

Pense cependant que ne possédant plus mon écriture où trouverais je la force de renoncer à ma respiration ?

C.

mardi 7 juillet 2009

Défi

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Oh, tous ces voiles gris. Il y en a tellement depuis le commencement, qu'ils se sont déclinés sur toute la tessiture des nuances. Je n'y prête plus attention ! Je les connais ces voiles comme si je les avais tissés D'abord ils sont légers légers presque invisibles. Lentement, avec perfidie, ils se nourrissent de nos pensées, de nos actes, de nos émotions, et s'alourdissent, et s'obscurcissent.
Je les sens aussi bien que toi, partout, jusque sur tes lèvres et là aussi, sur ma peau, comme des paupières laissant passer une lumière transformée, dangereuse, prêts à nous aveugler, prêts à nous étouffer.
Mais sur l’échiquier, c’est différent. Entends moi. Plus de voiles ! Ils ne pourraient y pénétrer que si nous les invitions Serions nous assez fous pour les laisser entrer ? Je ne le crois pas.
Mais tu as raison de te méfier.
Sur l'échiquier, tout prend une autre dimension.
Il ne s’agit pas d’une simple parenthèse. Chaque mouvement, chaque souffle, chaque trace se ramifie à l’infini Regarde. Ne refuse pas l’imparable crudité de ce qui veut naître. Il s’agit d’un nouveau monde, en perpétuel mouvement, nu et encore vierge, qui nous excite nous tente par l'étrangeté de ses saveurs , par la puissance de son pouvoir.
Sens tu comme nos mains frissonnent ? Je le sais bien moi qui t’entraîne ; tu le sais bien toi qui me porte. Peut être qu’alors, inventant le jeu, créant nos propres règles, lentes chrysalides, serons nous enfin vivants !


C.

lundi 6 juillet 2009

Sur l'échiquier

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Si j’accepte le défi, c’est toujours vis-à-vis de moi-même.

C’est dangereux ce que tu me proposes, tu me demandes d’être authentique. Nous passons notre vie à nous mentir, parfois jusqu’à nous-même. Il y a des vérités qui blessent, celles là je ne sais pas les dire. Il y a des vérités qui enchantent, qui charment, qui éveillent corps et sens. Et puis, derrière l’écriture se cache l’être, ce monstre, ce démon, cet ange, cette chair vivante, transpirante, vibrante.

Si je joue, c’est tout ce moi profond que tu pourrais observer, percevoir, mal comprendre, « idéaliser ».

Je ne sais pas. Il vaut parfois mieux mentir. Hélas.

Et puis… Je ne serai pas régulier. Il m’arrive souvent de refuser de voir, juste sentir me suffit (je ferme les yeux). Si je suis joueur ? Mais je joue tous les jeux. Je réfléchis…

M.

dimanche 5 juillet 2009

Conjonction

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J'avoue, je l'ai fait exprès. J'ai remonté le temps Celui qui brouille tout, encore et toujours. La concordance des temps, la fuite du temps, le Chronos dévorant, l'amibe informe... Je joue à l'apprentie sorcière . Je prends des risques Je mélange les conjugaisons, j'invente l'imparfait du présent et je le mords cruellement.

Ce qui change c'est la perception. Elle est partie Lui reste. Elle ne nomme plus les jours. Lui s'ancre dans L. Etrange, c'était demain mais il pleut déjà des cartons. C'est l'époque des encombrants, de la poussière, des cicatrices, des échos vides dans les niches et des ombres sous les souches.

Les fenêtres s'ouvrent Les portes restent closes. Dedans ou dehors ? Avant, après ? Tout tangue. Le sens se perd plutôt qu'il ne s'efface.

Je l'ai fait exprès. Je suis donc responsable. Mille excuses. J'ai toujours eu horreur des règlements.

Même si je ne les comprends plus, j'entends les balises : elles sifflent d'étranges codes. C'est moins affolant que le chant des sirènes.

Je ne me rappelle plus s'il y avait une clé.

Pardonne moi

C.

jeudi 2 juillet 2009

2 juillet 2009 - C

Tentative

Est ce une ouverture ? une déchirure ? Je ne sais pas encore. J'observe d'un oeil rond, d'une inclinaison de la tête. Je m'interroge.
Est ce par là que la matière s'enfuit ou, à l'inverse, est ce qu'elle suinte dans ma direction ? Je le découvrirai en m'observant. Soit je maigrirai, perdant de ma substance, soit comme une éponge, j'absorberai, je me nourrirai, j'habillerai ma transparence.

Quoique je fasse, il y aura toujours cet implacable dualité du mouvement entre nous, une marée sonore.

C / 2 juillet 2009