jeudi 30 juillet 2009

La Marmotte

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Outch ! Difficile de reprendre le fil ou même de suivre une piste. Ma tête est fatiguée. Mes yeux sont fatigués. Ma voix est fatiguée Mon coeur est fatigué. Je me sens, non pas légère, inconsistante, ce qui serait une sensation agréable, mais lourde de trop de vides.

Cependant, dans ce maelstrom de silences, j’ai bien reçu et beaucoup apprécié ton bouquet de mots Un cadeau bien plus émouvant qu’une brassée de fleurs somptueuses. Je te suis redevable car j’ai pris sans donner.

J'ai du, hélas, encore et encore, traîner les pieds sur terre ce qui alourdit considérablement mes pensées. Habituellement, ma tête flotte dans les nuages Je ne vois que l’espace, les étoiles, les sommets et le vertige me prend, divin, à en oublier la voracité des chaînes et la cruauté des chutes.

Comprends que, dans cet état de pesanteur, dans cette dimension de masques, je ne peux que me contenter d’absorber un rayonnement positif sans redistribuer énergie ou chaleur. J'en ai besoin pour hiberner et espérer survivre. C'est si douloureux, aujourd'hui.


Savais tu, M., qu’il devient extrêmement facile,
même pour un prédateur insouciant, d’approcher les marmottes ?
Elles n’ont plus peur de l’homme ! J'ai été choquée parce que moi, l’homme, il me terrifie !
Ah, pourtant me répliqueras-tu très sérieusement, tu me parles bien à moi qui me présente comme un être humain, un homme, le genre masculin.
Mais as tu imaginé que sur mes lignes, dans l'Ailleurs, tu es en pleine mutation ou même -révélation - un être polymorphe ? C’est bien comme cela que j’ose t’approcher, une plume, rien qu'une plume ??? et pourtant un mystère, une faille, une tentation, un conte... un autre univers.
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Ne te laisse pas apprivoiser.
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C.

Tu as vu ? J'ai justifié mes lignes ! besoin de rectitude ? d'équilibre plutôt que de hasard ... L'instant, la béquille de l'accidenté ; le bâton de marche du baladin.


mardi 28 juillet 2009

Injustifié

Il y a la solitude des poètes,
l’incomplétude du corps
et la distance qui le sépare
de tout ce qui l’entoure.
Il y a la poésie, au fond,
prête à jaillir, sourde,
sous la peau, dans les os,
une parole silencieuse,
une oreille folle d’être seule
à l’entendre.
Il y a cette nature immobile,
qui lui ressemble,
qui ne veut rien,
qui ne dit rien.
J’aurais voulu être un poète
pour tenter d’aimer,
ne pas vouloir mourir.
Pour te le dire,
faudrait-il être fou ?
Que dans la poésie
il y a toi.


M.

mardi 21 juillet 2009

un petit brin

Bonjour C.

J'suis un peu débordé ces jours-ci. Des vagues, des creux et des bosses, des choses bien et d'autres pas, ça remue...
J'ai écrit hier soir avant de me coucher, sur le lit, quand tout était calme, que le sommeil appelait. Mais tout est en brouillon (autant sur le papier que dans ma tête). Pourtant, je sais comment ce texte devrait être parce que je le sens, je le lis, je le vois sans le voir, comme un flou. Je rentre à l'instant, trop tard pour le continuer. parfois, je peux écrire rapidement, parfois si ça ne traduit pas encore ce que j'éprouve, ça en prend un peu plus. C'est que ce que j'éprouve n'est pas forcément directement traduisible, comme quand tu sens une boule à l'intérieur de toi, tu pressens, tu présumes, tu ne peux la nommer ni la désigner, ce serait trop simple, ainsi tu la ferais disparaitre...Ce que je peux écrire ne me fuit pas forcément, aussi l'écrit semble toujours inachevé.
J'ai beaucoup aimé le brin d'herbe. Je pense en raison de cette mystérieuse couleur verte environnante et du flou tout autour (un arrière-plan indéfinissable, difficile à dire, comme ce que je voudrais traduire dans mon écrit). Le brin d'herbe semble correspondre à cette idée, assez claire mais qui paraît isolée dans un contour indéfinissable ou étranger (par nature... confusion des éléments). Une idée "perdue" à laquelle on se raccroche (fragilité)...

Bises
M.

jeudi 16 juillet 2009

16 juillet 2009

17h00


bonjour M.


J'ai eu un choc en voyant s'afficher la date ... mais où sont passés ces trois jours ???? qui ou quoi a appuyé sur la touche stop, m'a mise en suspension ? File d'attente Ne regarde pas les aiguilles


Sur ton bureau et sur le mien l’œil est ouvert et s’interroge. Dans son monde, d’étranges monstres programmables se déchiffrent s'unissent complotent s’affichent s’enchevêtrent se délitent ... Un seuil tentaculaire. L’œil n’a pas de paupière, infatigable, il use la lumière.


Se pencher sans vertige par la fenêtre de secours, sonder le bleu de la chaleur Et puis saisir au passage le silence de l'onde qui ruisselle Je l'entends, tu le déchiffres mais l'oeil, l'oeil dans sa vigilance, crypte et encode


Transfert de données aléatoires point exec Echec de transmission ?


symbiote ou virus ???


bizz panoramique

C.



20h10

Bonjour C.,

A vrai dire... oui, il y a un peu de ce que tu dis, bien sûr, je comprends tout ça, en fait, j'étais vraiment assez occupé. Mais j'ai pensé à toi, qu'est-ce que tu crois ? J'ai même essayé d'écrire, c'est vrai. Aussi, le 14, je pensais que tu avais remis cinquante mille médailles lors du défilé, avec autant de bises multipliées par deux, et que tu devais être épuisée. Je vois que tu as encore de la ressource pour quelques bises en circonvolutions, alors je pense que j'ai vu un peu grand.
Le 15 est passé, bon, il ne restera pas dans ma mémoire. J'ai donné rendez-vous à une dame, elle m'a dit "on verra...". Mais voir quoi ? Cette histoire s'arrêtera avant d'avoir commencé. Le 16, ben tiens, c'est aujourd'hui, tu sais quoi, ils jouent du jazz à Montauban et j'ai bien envie d'aller me faire caresser les oreilles. Seulement, ils ont prévus des orages, et tu dois le savoir, je crains les coups de foudre.
Échec ? Tu plaisantes ? Tu as vu ma défense ! Mais vas-y, vas-y, tu vas voir la parade !
deux bises de plus

M.



23h10

Bonsoir, M.


Un défilé ? Ce devrait être Le défilé Ce n'est plus qu'une parade sans âme Des pantins sur et devant l'estrade Ce qui torture c'est l'obligation quand le message est mort. Parade, oui ! Rassures toi, je ne bise pas ! je salue, chaleureuse et distante, étrangère de passage. Je suis loin-loin-loin, intouchable, inaccessible et si proche. Oui, merci et vous-même ? Je ne m'amuse pas, je montre les dents. Non, pas de bal ce soir ni même de feux d’artifices mais revenez pour le 15 août la fête sera grandiose et le discours encore plus long

Je vois toutes les ficelles et les marionnettes qui s'agitent ou se figent Une copie fade et infidèle de la vie. Je pense au Peuple, aux cris, aux barricades Je pense à la faim exhumée et aux pieds nus Non merci, pas de petits fours. Je ne sais pas si c'était hier ou demain. Les bastilles à prendre sont virtuelles ; elles courent, courent dans les marchés aux bourses Je ne suis même pas un grain de sable, juste un œil perpétuellement irrité qui n’arrive plus à se fermer, paniqué par le ventre de la multitude Je me sens oppressée asphyxiée lentement comme un poisson échoué.

Je rembobine Je pense aux Autres, à toi M. à ta main qui passe dans les cheveux de ta fille, à ton regard qui court assoiffé sur ses mouvements enfantins et j’ai mal. Je pense au Poète qui se dépouille de ses émotions, qui offre ses lambeaux d'être en pâture à la jungle pervertie je me récite comme des baumes ses mots ignorés qui me font croire en la lumière et j’ai mal. Je pense à cette déchirure incompréhensible qui se nourrit du langage de l'enfermement, à ce besoin de partage, de communion, d’osmose jamais assouvi, et j’ai mal.

Camisole

Rebondir

Ah, oui, ne pas oublier de poser brièvement les pieds sur terre.

Elle qui dit « on verra », tu as raison, ce n’est pas une histoire ! Les histoires, bonnes ou mauvaises, commencent par Il était une fois.

La musique? La musique fleurit un peu partout en parfums d'été Va te baigner avec ou sans orage Elle, elle ne ment pas, ne calcule pas, ne pèse pas Je t’envie cette liberté.

Ne perds pas de vue que notre jeu est un jeu sans bataille Je veux bien découvrir d’autres tactiques, me plier à d’autres règles Je ne voudrais pas que le jeu s’arrête avant d’avoir vu le Fou régner sur l’Echiquier et le Pion oublié, survivre.

Etends toi

C.

lundi 13 juillet 2009

Mais, aujourd'hui

Aujourd’hui. Aujourd’hui est différent de l’autre Pourtant, c’est encore un aujourd’hui Tu peux le nommer à ta guise mais pour moi les aujourd'hui sont des nexus inclassables Ouvrir les yeux, poser les pieds à terre, respirer, nager dans le courant ou à contre courant, sombrer ou se laisser flotter, dormir, courir, qu’importe ! Cela n’est jamais assez.

Les aujourd’hui exigent une participation active, même à l'arrêt

Ils filent les voies officielles ou détournées comme un costume d'époque obligatoire, informe, où tous les fils sont emmêlés J’en portais un, au hasard et incognito, plus par lassitude que par conviction comme tous les autres jouets des aujourd'hui.

Tout en élaborant leurs stratégies, en construisant leurs histoires, ils multiplient les fausses pistes, les tentations, les inclinaisons, les angles aigus, les culs de sacs, les envolées et les glissades…Ils adorent cela. Je ne vais pas énoncer tous leurs artifices mais je sais - comme tu le sais - qu’il n’y a pas d’issue ni d'alternative aux jeux des aujourd’hui. Juste des aires provisoires, des aires anesthésiantes, des aires euphorisantes, des aires aveuglantes, des aires intimes des aires d’observations et même des aires de tortures, de démembrements, d’ éviscérations de conditionnements …

Sauf que, aujourd’hui, la fumée était particulièrement belle. Elle faisait des volutes lentes et bleues tout autour de mes mains, sans chaleur, sans brûlure.

L'air immobile, elle ne voulait pas s'envoler Alors je suis restée là, longtemps, dans cette pièce vide, à la regarder danser comme en apesanteur, envoûtée, prisonnière.

C’était pourtant un aujourd’hui ordinaire, monotone, qui aurait pu se perdre comme tous les autres dans la fosse aux hier, s'il n'y avait eu ces volutes, lentes et bleues.

C

...

Comme tu m'avais laissé les clés, je suis entré dans ta maison. Tu n'étais pas là. Il y avait sur la table de ta chambre ce que tu venais d'écrire aujourd'hui. Je l'ai lu. C'est une lecture un peu volée, je le sais.
En lisant, je voyais ces journées passées et cette fumée que tu décrivais, elle te filait entre les doigts. J'ai fermé les yeux, j'ai essayé de sentir, restait-il une odeur, un parfum de ce que tu avais ressenti ? Je n'ai rien remarqué, seulement un silence dans cette obscurité.
Je me suis assis. Comme toi j'ai regardé mes mains, ma main, celle qui n'a pas tenu la tienne. Il m'a semblé qu'elle n'était plus la même, j'avais un peu de mal à l'ouvrir en entier. Je les ai pourtant jointes, les deux, comme dans une prière et posées sur mes yeux.
Dans le noir, je respirais à travers la peau des mains collées sur mon visage. Il n'y avait plus de traces de celles que j'avais prises, toutes ces mains qui ont touché ma bouche, plus leur odeur, plus leur saveur, peut-être un goût de cigarette.
Rien qu'à les regarder, je savais ce qui s'était passé. Sur le M marqué par ces lignes de vie et de chance, d'autres traits s'étaient inscrits, des nouveaux, d'autres pliures encore. On aurait dit que cette lettre était rayée. A côté, une veine bleue palpitait.

M.

mercredi 8 juillet 2009

Justifier ?

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Justifier Arrangement. Style. Je n’ai rien de « justifié » Rien à la bonne mesure... Pas de maître étalon !


Justifié, c’est ton choix Je le respecte Je découvre la formule harmonieuse dans ta parole encadrée. Oh, je reconnais la justesse des dimensions bien accordées, la grâce des perspectives soyeuses, l’apparente droiture des bordures latérales, la judicieuse mesure des espaces intérieurs.

Mais, que veux tu, je suis accro à la différence, aux débordements, à la ligne interrompue, aux vagues qui se jettent inlassables, sur le même rivage mais jamais ne s’arrêtent exactement aux mêmes frontières, brouillonnes, aléatoires, bref, imprévisibles... insupportables !

Cependant, à l'usage, peut être verras tu de la beauté dans ce fouillis, comme une forêt primaire de mots plantés de virgules et de points, jonchés de majuscules, parsemés de clairières qui tracent des sentiers sinueux et vivent sur la page. Il faut savoir prendre son temps, errer, reprendre son souffle, suivre une piste taillée à la force du poignet.

Pour toi, il s’agit d’équilibre, d’esthétique et peut être même d'universalisme.

Pour moi, l’espace, ce cul de sac, prend un autre sens, plus intime et plus fidèle à la marge de mes doigts Tu vas sourire, te mordre la lèvre pour ne pas dire, cacophonie personnelle.

Pense cependant que ne possédant plus mon écriture où trouverais je la force de renoncer à ma respiration ?

C.

mardi 7 juillet 2009

Défi

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Oh, tous ces voiles gris. Il y en a tellement depuis le commencement, qu'ils se sont déclinés sur toute la tessiture des nuances. Je n'y prête plus attention ! Je les connais ces voiles comme si je les avais tissés D'abord ils sont légers légers presque invisibles. Lentement, avec perfidie, ils se nourrissent de nos pensées, de nos actes, de nos émotions, et s'alourdissent, et s'obscurcissent.
Je les sens aussi bien que toi, partout, jusque sur tes lèvres et là aussi, sur ma peau, comme des paupières laissant passer une lumière transformée, dangereuse, prêts à nous aveugler, prêts à nous étouffer.
Mais sur l’échiquier, c’est différent. Entends moi. Plus de voiles ! Ils ne pourraient y pénétrer que si nous les invitions Serions nous assez fous pour les laisser entrer ? Je ne le crois pas.
Mais tu as raison de te méfier.
Sur l'échiquier, tout prend une autre dimension.
Il ne s’agit pas d’une simple parenthèse. Chaque mouvement, chaque souffle, chaque trace se ramifie à l’infini Regarde. Ne refuse pas l’imparable crudité de ce qui veut naître. Il s’agit d’un nouveau monde, en perpétuel mouvement, nu et encore vierge, qui nous excite nous tente par l'étrangeté de ses saveurs , par la puissance de son pouvoir.
Sens tu comme nos mains frissonnent ? Je le sais bien moi qui t’entraîne ; tu le sais bien toi qui me porte. Peut être qu’alors, inventant le jeu, créant nos propres règles, lentes chrysalides, serons nous enfin vivants !


C.

lundi 6 juillet 2009

Sur l'échiquier

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Si j’accepte le défi, c’est toujours vis-à-vis de moi-même.

C’est dangereux ce que tu me proposes, tu me demandes d’être authentique. Nous passons notre vie à nous mentir, parfois jusqu’à nous-même. Il y a des vérités qui blessent, celles là je ne sais pas les dire. Il y a des vérités qui enchantent, qui charment, qui éveillent corps et sens. Et puis, derrière l’écriture se cache l’être, ce monstre, ce démon, cet ange, cette chair vivante, transpirante, vibrante.

Si je joue, c’est tout ce moi profond que tu pourrais observer, percevoir, mal comprendre, « idéaliser ».

Je ne sais pas. Il vaut parfois mieux mentir. Hélas.

Et puis… Je ne serai pas régulier. Il m’arrive souvent de refuser de voir, juste sentir me suffit (je ferme les yeux). Si je suis joueur ? Mais je joue tous les jeux. Je réfléchis…

M.

dimanche 5 juillet 2009

Conjonction

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J'avoue, je l'ai fait exprès. J'ai remonté le temps Celui qui brouille tout, encore et toujours. La concordance des temps, la fuite du temps, le Chronos dévorant, l'amibe informe... Je joue à l'apprentie sorcière . Je prends des risques Je mélange les conjugaisons, j'invente l'imparfait du présent et je le mords cruellement.

Ce qui change c'est la perception. Elle est partie Lui reste. Elle ne nomme plus les jours. Lui s'ancre dans L. Etrange, c'était demain mais il pleut déjà des cartons. C'est l'époque des encombrants, de la poussière, des cicatrices, des échos vides dans les niches et des ombres sous les souches.

Les fenêtres s'ouvrent Les portes restent closes. Dedans ou dehors ? Avant, après ? Tout tangue. Le sens se perd plutôt qu'il ne s'efface.

Je l'ai fait exprès. Je suis donc responsable. Mille excuses. J'ai toujours eu horreur des règlements.

Même si je ne les comprends plus, j'entends les balises : elles sifflent d'étranges codes. C'est moins affolant que le chant des sirènes.

Je ne me rappelle plus s'il y avait une clé.

Pardonne moi

C.

jeudi 2 juillet 2009

2 juillet 2009 - C

Tentative

Est ce une ouverture ? une déchirure ? Je ne sais pas encore. J'observe d'un oeil rond, d'une inclinaison de la tête. Je m'interroge.
Est ce par là que la matière s'enfuit ou, à l'inverse, est ce qu'elle suinte dans ma direction ? Je le découvrirai en m'observant. Soit je maigrirai, perdant de ma substance, soit comme une éponge, j'absorberai, je me nourrirai, j'habillerai ma transparence.

Quoique je fasse, il y aura toujours cet implacable dualité du mouvement entre nous, une marée sonore.

C / 2 juillet 2009