jeudi 8 octobre 2009

Veillée funèbre

Les pleureuses sont arrivées. Même figures désolées ; mêmes postures affligées Où est le corps ??? où est la victime, se sont elles inquiété, bavant presque par anticipation Où est elle, celle tant de fois torturée, tant de fois perdue, tant de fois vidée de sa substance, offerte découverte, abusée puis abandonnée à la solitude, au dédain, à l'opprobre.

Avant que la mort annoncée ne s’avance et récite son monologue, sa litanie de reproches de sa voix de ténor, que pourrais je dire pour te restituer le goût, mon Amie, mon Âme ?

Qu’ elle ne devrait pas, La mort, ainsi s’afficher à l'avance Partout ton souffle retentit au corps, se répandant sur l'onde.

Car, oui, on t’affiche on t’admire on te cultive on t’aspire on te boit on t'idolâtre on te dissèque pour mieux te retenir

Ici bas.

Car même dans les plus terribles moments, ou dans l'extase, nous te cherchons.

Cruelle, pourquoi renoncerais tu à paraître ? montre toi au grand jour, défigurée, chaotique, visionnaire ou comme aux heures de gloire, respectueuse et soumise, enchanteresse. La renommée t’encensait alors, jusqu’ aux terrasses des cafés, aux détours des vitrines, aux feux de la cheminée, aux creux des cœurs, aux bancs inconfortables, sous les draps du lit, au bord de nos lèvres et nous, simples mortels, nous t'aimions.

J’ai lu ton testament sur des murs insipides, j'entends tes dernières volontés comme des impératifs de survie

Répands moi Livre moi Achète moi Car je suis belle même dépecée et suis comme l’amour, à vendre. Je mourrai de ton avarice plus que de ton ignorance. Achètes moi et je vivrais, détournes toi et tu mourras sec comme un déchet non recyclable.


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bonsoir M.


Partout on se plaint que la poésie ne trouve plus sa place en librairie On édite et réédite les classiques comme des valeurs sûres mais Les Poètes (les authentiques conjoints de Poésie, ceux à qui elle a dit oui devant Histoire et Émotion ...) les contemporains qui nous transcrivent, ne trouvent plus de maison pour les accueillir... Pourquoi ? Peut être que nous, parasites, sommes fautifs, nous qui critiquons sans cesse, qui volons sur le net, accroc à sa magie qu'elle sème ou réveille en nous, mais qui préférons investir dans les succès commerciaux des romans si vite oubliés qu'ils n'auraient jamais du voir le jour ... nous, amoureux, envieux, qui finalement refusons de dépenser pour les ouvrages de poètes contemporains ou l'abonnement à des revues qui n'arrivent jamais à maturité faute de soutien.

Que restera t il de ces Poètes de leurs cris de leurs chairs répandues sur les ondes qu'un simple virus peut détruire à jamais ???

Où sont passés ces mécènes qui protégeaient l'Art Poétique le chérissaient lui accordaient une terre fertile ...

J'ai eu cette vision des pleureuses assemblées comme des vautours autour du corps de Poésie attendant son dernier soupir et j'ai pensé à Ray Bradbury et son Farhenheit 451 La peur m'a saisie C'est pourquoi j'apprends par coeur et je diffuse les poèmes que j'aime.

C'est pourquoi aussi, je te suis reconnaissante de t'aventurer en son royaume.

C.

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